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Tozeur
Tozeur (توزر) est une ville du Jérid tunisien et le chef-lieu du gouvernorat du même nom. Elle compte 32 400 habitants selon le recensement de 2004.
Située au nord-ouest du Chott el-Jérid, elle se trouve à 450 kilomètres au sud-ouest de Tunis. Il s'agit de l'une des oasis situées aux portes du désert du Sahara.
Tozeur est une ville avec un passé religieux important et connue pour ses lettrés comme sa topographie contemporaine, parsemée de marabouts, en témoigne.

Géographie
La ville est entourée d'une palmeraie d'approximativement 1 000 hectares, abritant quelque 400 000 arbres, autrefois irrigués par quelque 200 sources remplacées dès 1995 par les nombreux forages modernes qui alimentent désormais Tozeur.
Même si la nappe phréatique reste surexploitée, des mesures comme l'introduction du goutte-à-goutte ont permis d'économiser de 35 à 30 % de la consommation10.
La palmeraie se découpe en milliers de petits jardins (en moyenne d'un demi-hectare) plus ou moins bien entretenus : seules 25 % des terres sont cultivées et de nombreux palmiers meurent faute d'entretien9.
Néanmoins, 500 nouveaux hectares ont pu voir le jour grâce à l'exploitation de la géothermie. Elle a servi de décor pour de nombreux films comme Star Wars ou Le Patient anglais.

Histoire
La région connaît un peuplement ancien, notamment durant la civilisation préhistorique du capsien et, comme toute l'Afrique du Nord, s'appuie sur un fond berbère, même si la tradition locale ne le revendique pas : elle se positionne en effet sur une arabité qui fait le lien avec le prophète Mahomet.
Elle devient très vite un centre actif du commerce caravanier transsaharien fréquenté par les Carthaginois.
En 148 av. J.-C., elle est citée par Ptolémée qui l'appelle Tisouros.
Les Romains, en pleine conquête de la rive sud de la mer Méditerranée, s'y installent en 33 av. J.-C., la ville prenant alors le nom de Thusuros dans la Table de Peutinger, les vestiges de cette époque sont rares mais visibles :
« Des vestiges d'une ancienne présence romaine sont visibles à Tozeur.
Il en est ainsi de l'existence de quelques pierres de taille dans certains répartiteurs des seguias de l'oued ou, encore, de celle de blocs antiques comme ceux qui entourent la base de la tour (ancien minaret) d'al-Hadhar.
De même le quartier de Helba, aujourd'hui habité par des Rkârka, est réputé contenir les ruines d'une ancienne cité11. »

Au-delà, il ne reste que les témoignages de Pline l'Ancien, certes lyriques mais précieux, décrivant la beauté paradisiaque de l'endroit.
La ville devient un poste sur le limes saharien, sur la voie romaine allant de Gabès à Biskra, spécialisé dans le commerce des dattes mais aussi des esclaves.
De l'influence chrétienne sous saint Augustin, il subsiste les vestiges d'une église reprise ensuite par la mosquée El Kasr, située à Bled al-Hadhar, et certains rites comme le Sidi Yuba qui consiste à baptiser les garçons avant la circoncision.

Pendant le Moyen Âge, la région de Tozeur est appelée « pays de Qastiliya » — nom mentionné par le célèbre géographe arabe Al-Bakri (1014-1094)— du fait de la succession de villages fortifiés appelés castella, ce qui transforme au fil du temps Tozeur et ses alentours en refuge pour divers dissidents (donatistes chrétiens, chiites et kharidjites).
L'esprit contestataire des habitants, qui développent une identité forte, les poussent à fomenter une révolte menée par Abu Yazid durant douze ans contre le régime des Fatimides (935-947)8.
Il fondent aussi des principautés indépendantes du pouvoir central qui finissent par être reconquises par les Hafsides.
Selon une autre approche plus mythologique qu'historique, le mot Qastiliya fait allusion à Qustal, fils de Sem et petit-fils de Noé qui aurait fondé la ville après le déluge.

Jusqu'au xiie siècle, Tozeur est un centre culturel florissant accueillant de nombreux théologiens et voyant se développer une tradition orale parmi les plus riches du Maghreb et une tradition poétique qui se perpétue jusqu'au xxe siècle, notamment à travers le grand poète Abou el Kacem Chebbi.
On doit aussi en la personne d'Ibn Chabbat — de son vrai nom Abou Abdallah Ibn Ali Ibn Al Chabbat Al Touzri né en 1221 à Tozeur et mort le 19 juillet 128215 — homme de lettres, mathématicien, poète, juriste (cadi à Tozeur et précepteur à la mosquée Zitouna de Tunis) mais surtout horticulteur et hydraulicien, la conception et la réalisation d'importants travaux avant-gardistes sur la culture du palmier et l'amélioration notable d'un système de répartition des eaux qui fonctionne encore de nos jours dans plusieurs oasis du sud tunisien.
Son plan du xiie siècle est exposé au Musée des arts et traditions populaires de Tozeur.
La cité se développe en dehors de sa palmeraie et connaît un grand essor économique jusqu'à son apogée au xive siècle.
L'historien Ibn Khaldoun raconte l'activité importante que connaît Tozeur à cette époque :
« Tous les jours que Dieu fait, quelque mille dromadaires sortaient de la ville vers l'Afrique et l'Asie. »

En 1730, le célèbre voyageur anglais Thomas Shaw (1694-1751), visitant Tozeur, signale l'importance commerciale de la ville à telle enseigne que les marchands locaux allaient jusqu'en Éthiopie pour chercher des esclaves au prix de deux ou trois quintaux tunisiens par esclave5.
Tozeur reste une ville de destination ou de passage pour de grandes caravanes jusqu'au xixe siècle, époque où elle se replie sur la production de dattes.
Elle est alors, selon le témoignage du comte du Paty de Clam qui l'a visité à la fin du XIXe siècle, la plus vaste, la plus importante et la plus belle oasis du Jérid.
Certains voyageurs européens, durant cette période, iront même jusqu'à indiquer que la ville de Tozeur était aussi grande que celle d'Alger.

Alors que la municipalité est créée le 23 juillet 1888, le développement des villes minières voisines de Métlaoui et Redeyef, vers les années 1950, voit la population de Tozeur diminuer.

Architecture
L'une des parties de la ville ancienne est construite en briques (valorisées aujourd'hui dans un but touristique) d'argile.
Les maçons ont créé sur les façades des motifs en relief inspirés des tapis et de la calligraphie. Elles sont posées de façon à augmenter la surface du mur qui se trouve à l'ombre.
Les maisons de l'un des plus vieux quartiers de Tozeur (Ouled el-Hadef) sont ainsi dotées de cette architecture, ses petites ruelles (datant du xive siècle) formant un véritable labyrinthe.

Agriculture
La région de Tozeur continue de vivre essentiellement de son économie oasienne : l'agriculture reste l'activité maîtresse de la cité qui voit la moitié des 100 000 habitants de la région dépendre de ce secteur.
L'organisation agricole, autrefois centrée sur une utilisation raisonnable de l'eau, permettait une production maraîchère importante dans la palmeraie (salades, blettes, carottes, bananes, dattes, etc.) qui assurait l'autosuffisance de la population.
Dès le xive siècle, le plan d'irrigation au travers des seguia assurait gratuitement une répartition de l'eau mesurée par le gadous (sablier hydraulique), dont le nom vient du latin cadus (clepsydre), lui-même émanant du grec kados.
La survie d'un tel terme depuis l'Antiquité montre à quel point la région de Tozeur a été le réceptacle de cultures méditerranéennes qui apportèrent leur savoir-faire en matière d'agriculture et de techniques d'irrigation relatives à l'environnement oasien.
Depuis les plans d'irrigation et de fixation des nomades en vue de l'éducation des enfants des années 1990, l'agriculture s'est fortement développée.
De nouvelles oasis ont été créées et les palmeraies existantes ont été développées ; la surface consacrée à la culture du palmier a doublé en vingt ans, entraînant un renouveau du secteur de l'agriculture en termes quantitatifs, qualitatif, et d'emplois associés.
Le travail dans les palmeraies étant pour l'essentiel saisonnier (entretien, fécondation, récolte), il autorise en général une deuxième activité pour les ouvriers agricoles.

Cependant, selon Claude Llena dans son article de 2004, la situation des agriculteurs s'est fortement dégradée au xxe siècle car l'eau est « devenue un bien comme les autres » en devenant payante, l'arrosage se montant à 30 à 50 millimes par mètre cube pour un arrosage hebdomadaire10, conduisant nombre d'agriculteurs à travailler dans le secteur touristique.
Selon d'autres sources, le coût annuel de l'irrigation de 5 000 m2 de palmeraie équivaut à la production dattière de deux palmiers.

La production annuelle de dattes se monte à 35 000 tonnes, dont 4 000 issues de l'agriculture biologique et les deux-tiers de la variété des deglet nour; elle représente le tiers de la production nationale.
Les autorités cherchent également à développer la pratique de la culture à trois étages : maraîchage au sol, arbres fruitiers puis palmiers au-dessus.

Tourisme
Au début des années 1990, le gouvernement tunisien entreprend de développer le tourisme saharien. Une douzaine d'hôtels de grand standing voit alors le jour pour attirer des touristes par des séjours clés en main9.
En mai 2008, la région incluant Tozeur, Nefta et Tamerza compte 41 unités hôtelières dont trois établissements cinq étoiles et a accueilli 338 000 visiteurs en 2007.
La durée moyenne du séjour des touristes reste faible ; certains l'expliquent par le fait qu'ils sont de passage dans le cadre de circuits organisés depuis les stations balnéaires du littoral10 alors que d'autres soutiennent que ce nombre limité s'explique par une orientation vers un tourisme haut de gamme.
L'aéroport international de Tozeur-Nefta, mis en exploitation en 1980 et voué aux charters, n'atteint ainsi pas sa pleine capacité (86 000 passagers en 2007 sur une capacité de 400 000).

C'est dans ce contexte que se situe l'aménagement d'un terrain de golf, le Golf des Oasis, inauguré en plein désert en novembre 2006.
À l'entrée du golf, le parc du belvédère de Ras El Aïn (رأس العيون soit « Tête des sources » en arabe) est dédié au poète Abou el Kacem Chebbi, natif de Tozeur.
Il est aussi appelé « parc des amoureux » car il est bordé de grandes plaques en céramique bilingues (arabe-français) portant des textes célébrant l'amour.
Le rocher qui constitue son centre est en fait une construction artificielle de métal et d'argile.